DÉCOLONISER LES ESPRITS

Le Journal du Panafricanisme Économique, Géopolitique & Géostratégique

Ma vision du Panafricanisme à l’Ère du Changement Economique et Numérique

Je me considère comme un Panafricaniste très différent de ce que l’on trouve habituellement dans le paysage francophone, et c’est souvent cette différence qui explique pourquoi je ne suis pas toujours compris de nos élites africaines et panafricaines.

Le passage de la théorie à la pratique exige discipline, méthodologie et pragmatisme. Le panafricanisme ne sera réel que lorsqu’il deviendra un projet collectif, technique et concret , au service de tous les peuples noirs.

Les Fondations Intellectuelles du Panafricanisme Contemporain

Beaucoup de nos figures panafricaines sont issues de cursus universitaires spécifiques :

  • Histoire et sociologie : Amzat Boukari-Yabara, W.E.B. Du Bois, Walter Rodney, Théophile Obenga, Cheikh Anta Diop
  • Droit et sciences politiques : Kwame Nkrumah, Malcolm X, Cheikh Anta Diop
  • Philosophie : Kemi Seba, Franklin Nyamsi
  • Communication et ressources humaines : Nathalie Yamb
  • Économie : Kako Nubukpo, Nicolas Agbohou

Ces militants s’inscrivent dans une démarche de reconstruction du continent et des peuples noirs à travers la théorisation, l’analyse historique et la conscientisation.

Une Approche d’Ingénieur : Du Concept à la Réalisation

Ma démarche ne s’inscrit pas dans la construction idéologique ou l’explication des idéologies. Je suis ingénieur IT, et mon approche sera toujours technique : comment passe-t-on de l’idée à la concrétisation ? C’est précisément ce qui dérange.

Passer du bavardage à la mise en œuvre, c’est sortir nos élites intellectuelles de leur confort et remettre en cause leur manière de faire. C’est le rôle du chef de projet : il y a l’idée, puis son déploiement. Or, tout sujet – qu’il soit idéologique, réfléchi, même controversé – doit être :

  • Exposé sur papier
  • Planifié et organisé
  • Budgétisé et documenté
  • Validé, suivi et testé

Je constate que lorsque j’expose des situations ou des solutions concrètes, beaucoup se taisent ou se mettent à ronchonner, se sentent agressés parce qu’ils sont hors du processus de compréhension de la gestion de projets. Mener un projet, c’est travailler avec :

  • Un objectif temporel défini
  • Des ressources humaines et économiques identifiées
  • Un terrain d’intervention délimité
  • Des appels d’offres, audits et interventions multiples
  • Un maître d’ouvrage (le client qui exprime le besoin et surveille l’évolution)
  • Des maîtres d’œuvre (ceux qui exécutent les tâches assignées)

Le Panafricanisme comme Chantier, Non comme Utopie

J’aborde le panafricanisme non pas comme une idéologie utopique, mais comme un chantier à réaliser, à déployer et à faire fonctionner. Nous n’en sommes même pas encore à ce point.

Quand on m’interpelle parce que je ne parlerais pas une langue africaine, je me demande quel rapport cela a avec le déploiement d’un projet d’infrastructure : la notice d’emploi est-elle en Lari ? Le nom des pièces en Tshiluba ? Les fournisseurs ne parlent-ils que Wolof ? Le livre des process est-il en Eton ? Le service après-vente fonctionne-t-il en Lingala ?

La Question des Langues : Géostratégie vs. Technique Opérationnelle

Restons sérieux. Les langues africaines sont un sujet géostratégique indispensable, notamment sur les terrains de conflit où l’on peut utiliser des langues locales que l’IA ne reconnaît pas pour communiquer entre forces alliées. Le BIR (Bataillon d’Intervention Rapide) du Cameroun applique déjà cette tactique : chaque jour, on choisit une langue différente pour communiquer entre soldats et bataillon. Au Cameroun, avec plus de 250 ethnies et potentiellement autant de langues, on peut tenir presque une année avant de réutiliser la même langue.

Le sujet des langues africaines mérite une analyse approfondie – je démontrerai prochainement que beaucoup parlent de langues sans en maîtriser la signification profonde, à commencer par le mot « mbote », bêtement traduit par « bonjour » , alors que le sens est plus profond poétique et spirituel : « je t’envoie le souffle » … voila comment nos ancêtres originaire du bassin du Kongo exprimaient l’accueil avec tout le sens caché et profond qu’il y a dans cette transmission d’énergie , mais passons …

Le Pragmatisme du Développement : L’Exemple Chinois

Déployer un projet, ce n’est pas faire de la politique, c’est trouver les bons acteurs pour atteindre ses objectifs. Aujourd’hui, les seuls acteurs ayant le niveau de compréhension nécessaire pour nous aider au déploiement du projet panafricanisme économique restent la Chine. La Chine qui fut aidée par la Russie d’abord , conseillée ensuite par Singapour puis boostée par les Etats-Unis avant de reprendre sa totale autonomie jusqu’à aujourd’hui . Il sera désormais très difficile voire impossible de l’arrêter dans son élan , son essor, son évolution et sa révolution économique .

Le Transfert de Compétences, Non la Soumission

Personne ne peut s’élever ou se relever seul. La Chine s’est relevée grâce à Singapour et à son Premier ministre Lee Kuan Yew, qui lui a insufflé l’économie de marché et le retour aux valeurs confucéennes. Aucun Chinois ne s’est plaint en disant qu’on quittait un maître pour un autre.

Lee Kuan Yew,  l’homme qui a conseillé Deng Xiaoping lorsqu’il lança ses réformes économiques, est l’architecte de la Chine moderne : il a écrit le plan, puis Deng Xiaoping l’a déployé – et non rester dans des palabres éternelles. Le panafricanisme de Marcus Garvey a plus de 100 ans. Kwame Nkrumah a su en appliquer une infime partie pour le Ghana, mais depuis le projet « Panafricanisme » est resté en suspend , on ne voit que des gens qui vous traitent de « panafricon » ou de « petit panafricain parisien » sans jamais vouloir commencer par là où ça fait mal : l’organisation et la discipline.

S’aider de la Chine, ce n’est pas devenir chinois, c’est initier un transfert de compétences et de technologie en matière de :

  • Management de projet
  • Gestion de nos problèmes
  • Vision prospective et organisation pour résoudre les défis

La Chine reste le seul exemple contemporain où l’intelligence collective appliquée avec rigueur et discipline a produit des résultats tangibles. Parler de « passer d’un maître à un autre », c’est comme vouloir résoudre un devoir de mathématiques sans avoir appris sa leçon ni même connaître le sujet.

Une Documentation Technique pour l’Action

C’est pourquoi j’ai écrit cinq tomes d’une moyenne de 500 pages chacun dans Le Petit Manuel Africain de Guerre Économique :

  1. Comprendre la Chine en Afrique
  2. Comprendre l’Occident en Afrique
  3. Comprendre le Panafricanisme en Afrique

Ce sont des livres très techniques, même si j’ai vulgarisé le discours pour faciliter la compréhension du développement économique : comment procéder, avec quelles ressources, où chercher les éléments et trouver des référentiels. Je me suis basé sur des faits et des rapports denses et précis. Je suis focalisé sur les solutions et leur mise en œuvre. Mon approche est technique et froide : je gère ma vision panafricaine comme un projet, avec un pragmatisme qui, en 2025, exige de s’intéresser sérieusement aux infrastructures et à l’urbanisme.

Le Panafricanisme 3.0 : Finance et Infrastructures

Aujourd’hui, mon panafricanisme demande que l’on s’intéresse sérieusement – et non avec peur et appréhension – à :

  • La finance et la finance de marché
  • La décentralisation bancaire
  • Les infrastructures logistiques africaines

Il existe des entreprises qui font un travail minutieux, dans la rigueur et le silence le plus complet, mais qui entreprennent ce dont tout Africain, tout panafricaniste a toujours rêvé : avoir son propre réseau bancaire, sa banque d’investissement. Ici, je parle de EiC Corporation, une fintech 100% africaine qui travaille et se construit avec la Chine, le Canada, New York, la Suisse – partout où l’on donne de la crédibilité à un système bancaire, car c’est un milieu fermé, presque une secte avec des règles très strictes.

C’est en cela que je me différencie : le panafricanisme doit s’intégrer dans les réalités économiques, sécuritaires, sociales, industrielles et financières. Il faut sortir d’une vision utopique et appliquer les conseils de nos pères, tel que Marcus Garvey, pour que ce panafricanisme bénéficie à tous les Noirs de ce monde et non plus seulement à une petite frange élitiste et privilégiée.

Le Danger de la « Blackgeoisie »

Car c’est là le grand danger du panafricanisme : la lutte des élites noires et africaines pour préserver leurs acquis pécuniaires, leur petit confort, sans jamais s’adresser aux petites gens. Cela contribue à ce que les anti-panafricanistes ont toujours souhaité : une Afrique sans les Africains. Quoi de mieux pour cela que d’utiliser les propres Africains pour qu’ils se détruisent par eux-mêmes ? C’est ainsi qu’a été organisée toute l’économie des razzias négrières, dont le but final était de vider ce continent – trop beau et trop riche – de ses Nègres. Utiliser et manipuler ses élites africaines en flattant et galvanisant leurs ego. Il y a deux choses qui grisent l’Africain , l’Homme Noir , c’est l’Avoir et le Savoir . Deux choses qui le rendent litteralement fou , quand il possède l’un ou l’autre , et pire les deux .

Cette « blackgeoisie », cette bourgeoisie noire très puissante aux États-Unis, finit souvent par se détacher de la masse, parfois en profitant d’elle (notamment dans l’industrie du divertissement), et s’éloigne de son rôle de locomotive qui consiste à tirer toute la communauté vers le haut, plutôt que de chercher à s’en éloigner dès que quelques privilèges sont acquis.

Aujourd’hui, nous constatons une fracture entre ce que j’appelle le « panafricanisme des élites » et le « panafricanisme populiste ». Ma vocation, mon objectif, sera de fédérer ces deux mouvements pour faire Unité. Africa Must Unite – mais avant cela, Africa Must Reloaded.

Kemit Operating System : Nettoyer Nos Cerveaux

Nous devons évacuer tous les malwares de nos cerveaux malades, nettoyer ces cerveaux pour recharger un mindset que j’ai appelé le Kemit Operating System (K.O.S.), qui, paradoxalement, se prononce « Chaos » – ce contre quoi nous voulons lutter pour remettre de l’ordre. Une façon de remettre à l’endroit ce qui a été mis à l’envers : le Chaos remplacé par le K.O.S.

Toute cette démarche constitue le Panafricanisme 3.0, basé sur un renouveau et une renaissance de notre Intelligence Collective, qui sera la synthèse et la maîtrise de toutes les autres formes d’intelligence :

  • Économique
  • Émotionnelle
  • Spirituelle
  • Financière
  • Urbaine
  • Sécuritaire

Les Africains, les Noirs du monde, doivent élever leur niveau – car ce dernier est faible, très faible. Voilà pourquoi je me veux différent et porteur d’une alternative géopolitique certes, géostratégique aussi, mais surtout collective et au service des peuples et de nos nations, avec comme vision architecturale et urbaine : un Wakanda réel et africain.

Wakanda Forever : De l’Utopie à la Finalité Panafricaine

Hollywood a souvent prédit l’avenir esthétique , technique et technologique de nos sociétés modernes. D’où la très grande importance de l’industrie audiovisuelle , qui écrit au présent le narratif et l’imaginaire du futur. Nous sommes libres ou non de les adopter, mais une Afrique unie, riche et protégée – cela ne se refuse pas.

Wakanda Forever ne doit pas rester une fiction , être un rêve, une utopie. Cela peut être, cela doit être une finalité panafricaine et panafricaniste :

  • Une avance technologique reprise sur les autres pour nous autres
  • Un discours d’introversion et de rupture avec le reste du monde pour mieux apprendre à maîtriser nos propres ressources selon nos besoins
  • Une bienveillance des populations qui vouent un attachement sans limite pour leur pays
  • Un patriotisme continental plus que national, intégrant l’Unité Noire dans une diversité infinie

Beaucoup de choses encore à dire et à faire dans l’avenir. Tout est à construire.


Patrice NZIANSÈ , le Jeudi 11 Décembre à Paris

Patrice NZIANSE

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