Analyse des mécanismes médiatiques de l’impérialisme en Afrique et la résistance des nouvelles souverainetés sahéliennes
Introduction : Un règlement de comptes révélateur
Le 23 Mars 2025 , Jeune Afrique publie une article cinglant a l’encontre du jeune president Ibrahim Traoré intitulé » Ibrahim Traoré ou l’art de la diversion » par Marwane Ben Yahmed (Directeur de publication de Jeune Afrique.)
Le sous titre : Ce n’est pas en portant des accusations grossières contre Jeune Afrique que le chef de la junte fera oublier qu’il a mis la démocratie burkinabè à genoux. Sans parvenir à gagner une once de terrain face aux terroristes.
L’article de Jeune Afrique (JA) attaquant le président burkinabè Ibrahim Traoré n’est pas une simple critique journalistique. C’est une contre-offensive médiatique cinglante et malodorante, symptomatique d’une guerre plus large : celle de l’influence, où certains médias servent de relais à des agendas géopolitiques hostiles aux indépendances africaines.
La virulence de la rédaction, son refus systématique de contextualiser les défis du Burkina Faso, et son emploi de termes comme « tyran » ou « fossoyeur » trahissent moins un journalisme rigoureux qu’une campagne de délégitimation. Une méthode bien rodée, appliquée contre tout leader africain refusant le statu quo néocolonial.
1. Jeune Afrique, média « panafricain » ou outil d’influence ?
Depuis des décennies, Jeune Afrique se présente comme la « référence médiatique africaine ». Pourtant, son traitement des dossiers sahéliens révèle une grille de lecture alignée sur les intérêts franco-occidentaux :
- Dénigrement systématique des gouvernements anti-impérialistes (Traoré, Goïta, Tiani) ;
- Silence complice sur les ingérences étrangères (soutien français aux groupes armés, embargos financiers) ;
- Narration biaisée : les échecs sont attribués aux dirigeants africains, jamais aux héritages coloniaux ou aux sabotages extérieurs.
Exemple frappant : JA critique férocement la suspension de sa diffusion au Burkina, mais omet de rappeler que les médias publics français (RFI, France 24) ont été exclus pour « propagande de guerre » – une mesure courante en temps de conflit (cf. Ukraine vs RT).
2. La bataille du récit : comment on fabrique un « dictateur »
Le cas Traoré illustre une méthodologie médiatique éprouvée :
- Décontextualisation : Ignorer les causes structurelles de l’insécurité (trafic d’armes, rôle des ex-puissances coloniales).
- Hyperbole émotionnelle : des expressions comme « diatribe nauséabonde » remplacent l’analyse factuelle.
- Fausse équivalence : Comparer Traoré à Sankara pour mieux les opposer, alors que leurs luttes sont historiquement liées.
Pire : JA accuse Traoré de « justifier l’injustifiable », mais ne propose aucune alternative crédible. Quel projet pour le Burkina ? Le retour à l’ère Kaboré, sous tutelle française ? Ou encore celui de Blaise Compaoré , le commanditaire et seul bénéficiaire de l’assassinat de Sankara , habitué des plus belles pages d’éloges du journal ? La soumission aux diktats du FMI ?
3. L’enjeu caché : la souveraineté monétaire
Derrière ces attaques se cache un enjeu économique crucial : la rupture avec le Franc CFA. Le Burkina, comme le Mali et le Niger, cherche à échapper à cette monnaie captive, qui :
- Dépend des réserves françaises (50 % des devises stockées à Paris) ;
- Freine l’industrialisation (interdiction de recourir à la planification monétaire) ;
- Favorise les multinationales au détriment des entrepreneurs locaux (taux d’intérêt prohibitifs).
JA, en qualifiant cette émancipation de « désastre », révèle son parti-pris pro-statut quo.
4. La contre-stratégie sahélienne : médias citoyens et diplomatie de rupture
Face à cette guerre médiatique, les États de l’AES (Alliance des États du Sahel) développent une riposte multidimensionnelle :
- Création de médias souverains (ex : télévisions nationales 2.0) ;
- Coopération médiatique avec la Russie/Chine (formation de journalistes, agences de presse alternatives) ;
- Encadrement légal des fake news (lois contre la désinformation, comme en Europe).
Résultat : L’opinion africaine, surtout jeune, décrypte de plus en plus les manipulations de JA.
Conclusion : L’Afrique des médias libres ou l’Afrique des médias mercenaires ?
L’affrontement entre Ibrahim Traoré et Jeune Afrique est un symbole. Il oppose deux visions :
- Celle d’une presse alignée, gardienne de l’ordre néocolonial ;
- Celle d’un journalisme libérateur, outil de conscientisation.
L’avenir appartient aux Africains qui produiront leurs propres récits. Les Traoré, Goïta et Tiani l’ont compris. À quand un Jeune Afrique vraiment africain ?
Car il y met en exergue le chantage fait aux politiques africains sur leur image à l’internationale contre des sommes souvent dithyrambiques. Comme nous le dévoilera Le capitaine Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte en Guinée à l’époque du massacre du 28 septembre 2009 , à qui Jeune Afrique avait demandé 500k€ pour laver son image .
Mais nos dirigeants ont ils vraiment besoin de ça? Quand entre diplomates toutes les actions entreprises par nos gouvernements faits en coulisses sont sues et connues de tous leurs réseaux . Ce qui sort dans les journaux papier ne sont que des fuites controlées et maitrisées normalement pour alerter l’opinion générale. Il est donc urgent que nos états aient aussi leurs propres organes de presses panafricaines qui abondent dans leur sens et sont financées par nos etats comme l’est Afrique Media par la Guinée Equatoriale , actuellement, durement touché et exclus des plateformes de diffusions comme le furent RT et Spoutnik.
La communication est un véritable combat mais ce qui est le plus difficile est d’avoir la confiance de sa cible pour la protéger et l’armer contre les propos de mauvaises augures . L’influence est donc l’outil qui sera le plus prisé dans les années à venir , savoir l’avoir et la conserver .
Le média alternatif Pensée Kemite analyse la réponse de Marwane Ben Yahmed , le directeur de publication de Jeune Afrique.
Le Burkina Faso en marche : Résistance, unité et souveraineté
Voila le discours qui a enflammé Jeune Afrique donné par le Jeune President Traoré le Jeudi 26 Mars à l’inauguration d’une cimenterie , sans note et sans prompteur . L’on peut et devons saluer la qualité de toutes ses sorties oratoires , un discours d’engagement pour la patrie : Combattre l’impérialisme, bâtir l’avenir .
» Camarades, Bonjour à tous,
Je l’avoue, c’est un réel plaisir d’être parmi vous ce matin pour ces moments d’échange, pour partager la chaleur humaine de nos frères, sœurs, parents de la région du Plateau Central.
Mais avant tout, je souhaiterais que nous rendions un hommage vibrant à ceux qui se battent au front, qui nous permettent aujourd’hui de nous retrouver ici, d’échanger et de réfléchir ensemble à l’avenir de notre patrie. Je propose que nous observions une minute de silence en mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans ce combat.
[ndr : tout le monde se lève et observe la minute de silence ]
Cela fait bientôt dix ans que nous sommes plongés dans cette guerre. Vous en suivez l’évolution, et j’espère que vous êtes tous conscients que nous ne sommes plus face à une simple guerre contre le terrorisme, mais bien dans une guerre pour notre indépendance.
Il faut que chacun comprenne la logique des impérialistes : ils nous imposent cette guerre parce que notre développement signifierait leur déclin. Si nous transformons nos matières premières ici, leurs usines fermeront là-bas. C’est pour cela qu’ils s’acharnent à maintenir notre société dans le chaos, pour nous empêcher de réfléchir, de progresser. Pendant qu’eux prospèrent, nous restons prisonniers de l’exportation de nos ressources et de la souffrance de notre jeunesse, contrainte à l’exil.
Ils défendent leurs intérêts, certes, mais nous devons nous battre pour les nôtres : notre liberté, notre dignité.
En ce mois béni où chrétiens et musulmans se retrouvent – mois de carême pour les uns, de réflexion pour les autres –, je souhaite un bon mois de carême à tous. Que Dieu exauce nos prières. Que ce soit aussi l’occasion de changer de regard envers nos voisins, nos proches.
J’appelle les leaders religieux à profiter de ce mois pour prêcher la bonne parole, notamment à l’attention de ceux qui, égarés, brandissent les armes dans la brousse au nom d’une religion qu’ils trahissent. Certains tuent en croyant servir l’islam, mais l’islam est une religion de paix, de solidarité, jamais de violence.
Nous irons plus loin : nous demanderons aux leaders musulmans du monde entier de se joindre à nous pour condamner clairement ces actes.
Sur le terrain, plusieurs opérations sont en cours. Des zones abandonnées depuis des années ont été reconquises. Nous consolidons nos positions et avançons vers nos frontières. Bientôt, vous en saurez davantage sur nos progrès.
Nous ne reculerons pas. Nous récupérerons chaque centimètre de notre territoire, progressivement mais inexorablement. À ces terroristes, nous ne laissons que deux choix : se rendre ou disparaître.
Dans cette guerre de communication, l’arme la plus dangereuse est la désinformation. L’impérialisme, comme le disait Sankara, est un mauvais élève : il répète les mêmes méthodes, celles qui ont enflammé le Rwanda, déstabilisé le Soudan.
Aujourd’hui, leurs médias manipulent, inventent, divisent. Je le dis haut et fort : certains, comme Jeune Afrique, ont tenté de nous corrompre en 2022-2023. Ils voulaient que nous payions pour « laver notre image ». Nous avons refusé. Leur réponse ? Des mensonges pour nous salir.
L’Afrique doit ouvrir les yeux. Ces médias ne cherchent qu’à nous affaiblir. Leur objectif ? Nous maintenir dans les conflits pour mieux nous piller.
Au Burkina, ils savent que le terrorisme recule. Leur prochaine étape ? Créer une rébellion ou une guerre civile. Nous sommes prêts. Restons unis, vigilants.
Passons maintenant à un autre combat : celui de notre économie.
Certains entrepreneurs refusent de s’unir pour travailler plus efficacement. Certaines banques bloquent l’accès au crédit pour ceux qui œuvrent pour le pays. Cela doit cesser.
Nous avons demandé aux banques de rétrocéder une partie des dépôts publics (les DAT) pour relancer l’économie. Certaines ont obtempéré, d’autres non. À celles qui traînent encore : le délai est fin mars. Passé cette date, nous agirons.
Nous ne laisserons pas les plus pauvres souffrir pendant que d’autres s’enrichissent sur leur dos.
À ceux qui stockent des marchandises pour provoquer des pénuries et gonfler les prix : nous vous surveillons. Vos magasins clandestins seront saisis, et les biens vendus au profit du trésor public.
Notre priorité ? Produire local. Nous soutiendrons nos jeunes talents, créerons des centres de fabrication, développerons nos filières (cuir, électronique, etc.). C’est la clé de notre vraie indépendance.
Aux étudiants : nous connaissons vos difficultés (cités U, bourses, laboratoires). Des solutions viennent : nouvelles infrastructures, équipements scientifiques (comme ce microscope électronique que le Burkina n’a jamais eu !), salles informatiques.
Enfin, à tous : restons mobilisés. Tant que nos soldats se battent, nous travaillerons sans relâche. Le Burkina sera une référence.
Merci. »