LECONS #1689- LES 10 PIRES ERREURS FATALES DE PAUL BIYA : CONFONDRE L’INDUSTRIE LOURDE AVEC L’ARTISANAT
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Dans la rubrique : Les 10 pires erreurs fatales d’Intelligence Economique et Stratégique de Paul Biya, à la présidence de la République du Cameroun de 1982 à 2024
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LES ERREURS FATALES DE PAUL BIYA : CONFONDRE L’INDUSTRIE LOURDE AVEC L’ARTISANAT
Ne pas savoir faire émerger le Cameroun, comme une puissance en matières premières stratégiques
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(Extrait de la Leçon d’Intelligence Economique n° 1689 de Jean-Paul Pougala à lire dans son intégralité sur www.pougala.net )
LA LEÇON POUR L’AFRIQUE DU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL D’UNE CHINE PAUVRE DEVENUE PROSPÈRE GRACE A L’INDUSTRIE LOURDE
Nous sommes le 19 juin 1957 à Pékin.
Mao Tsé-toung, dirigeant du Parti communiste chinois et numéro un du gouvernement, prononce un discours programme qui sera publié le même jour dans le Renmin Ribao [Quotidien du peuple].
Il énumère en 12 points la feuille de route pour conduire le pays, vers la prospérité, la discipline et la paix.
J’ai choisi ce discours parce qu’il correspond à une période historique lorsque la Chine avait le même niveau que bon nombre de pays africains aujourd’hui en 2024, c’est-à-dire pauvre.
Ce qui nous intéresse de ce discours du dirigent chinois sont les deux derniers points, la 11 et la 12.
Mao parle du développement économique et industriel d’un pays pauvre comme la Chine, à peine sortie de la colonisation occidentale.
Il fait remarquer que les colonisateurs ont laissé en Chine, les premiers ennemis du peuple et de la révolution, ces ennemis de l’intérieur, il les nomme, la « bourgeoisie bureaucratique » et cette bourgeoisie, selon Mao applique le capitalisme bureaucratique.
Pour lui, ce sont les ennemis de l’intérieur et qui font très facilement alliance avec les ennemis de l’extérieur, pour spolier le pays. Mao pense qu’il faut les neutraliser en baissant le train de vie de l’état, et en menant une guerre sans merci contre les gaspillages de l’administration publique.
Mais encore plus intéressant, Mao, dit à son peuple et le rappelle durant tout son discours que la Chine est un pays pauvre et par conséquent, un pays pauvre ne peut compter que sur lui-même, parce qu’aucun pays dans le monde n’a jamais développé un autre pays.
Il ajoute aussi qu’un pays ne peut pas se développer sans industrie lourde : l’acier et l’aluminium !
Mais comment posséder l’industrie lourde qui est la seule qui contribue véritablement à développer un pays, sans compter sur l’étranger et surtout sans moyens financiers pour en construire ?
Mao a une idée géniale :
C’est vrai que la Chine est pauvre. Mais pas complètement.
Sur les 600 millions de Chinois, Mao fait remarquer qu’il y a 500 millions d’agriculteurs. Il propose d’utiliser cette force en richesse, de mettre les 500 millions d’agriculteurs à produire ce qui va alimenter une industrie légère et c’est l’argent obtenu qui servira à réaliser le rêve d’industrialisation, l’industrie lourde.
Mao prévient, tout cela va durer des dizaines d’années, pour se réaliser, mais pour y arriver, il faudra faire rivaliser les écoles et les universités, afin que beaucoup de cerveaux soient mis à contribution.
Je vais vous citer plus loin les propos même de Mao Zedong, à ce sujet, mais d’ici là, nous pouvons constater qu’il a une méthode et un processus pour arriver au développement économique et industriel de son pays, la Chine. 67 ans après, aujourd’hui en 2024, on peut voir que les prévisions de Mao étaient fondées, puisqu’elles se sont réalisées, pour la Chine.
Et c’est là où les dirigeants africains, avancent les yeux fermés comme si d’autres dirigeants avant eux n’avaient pas eu à sortir leurs pays de la pauvreté.
Le pire est qu’alors que Mao insiste sur le fait que personne ne viendra sortir la Chine de la pauvreté à la place des Chinois, même pas l’Union Soviétique qui était leur principale alliée, à travers le socialisme, les dirigeants africains encore aujourd’hui, font le tour de l’occident à la recherche des investisseurs qui vont venir sauver leurs pays et assurer le développement.
C’est en tout cas, ce qui s’est passé au Cameroun, il y a juste deux jours.
LES ERREURS FATALES DE PAUL BIYA : CONFONDRE L’INDUSTRIE LOURDE AVEC L’ARTISANAT
Nous sommes mardi le 30 juillet 2024 à l’hôtel Hilton de Yaoundé, se tient une cérémonie qui selon les organisateurs, signe le début d’une nouvelle ère de prospérité pour le Cameroun.
Le ministre intérimaire des mines, de l’industrie et du développement technologique, le professeur Fuh Calistus Gentry, signe une convention minière au nom du gouvernement camerounais, avec le directeur général de CAMALCO SA, Rana Pratap Singh, qui signe la même convention minière au nom de sa société, pour l’exploitation de la mine de de bauxite Minim-Martap.
Pour montrer combien cette signature était importante pour tout le Cameroun, la cérémonie de signature s’est passée en présence de 4 ministres du gouvernement camerounais.
En plus du ministre intérimaire des mines, de l’industrie et du développement technologique, le professeur Fuh Calistus Gentry, il y avait aussi le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakari, le ministre des Domaines, du Cadastre et du Foncier, Henri Eyebe Ayissi, et le ministre délégué auprès du ministre des Finances, Yaouba Abdoulaye.
Comme si cela ne suffisait pas, le Cameroun a fait arriver une 5ème personnalité de grosse pointure dans l’équipe dirigeante du Cameroun, la directrice générale de Cameroon Telecommunications, CAMTEL, Judith Yah Sunday dite épouse Achidi sur la fiche officielle de cette cérémonie.
Rappelez-vous des propos de Mao : « Nous sommes un pays pauvre et personne ne viendra développer la Chine à notre place ».
Ici, au Cameroun, c’est le culte de la mendicité assumée.
Ce soir-là, le Professeur Fuh Calistus commence son discours en annonçant que « la convention minière est conforme à la nouvelle politique minière décrétée par le Président de la République, et définie par la loi n° 2023/014 du 19 décembre 2023 portant Code minier ».
Pour lui, « Le projet de bauxite Minim-Martap est un projet minier économiquement rentable, écologiquement durable et socialement responsable ».
Le ministre dit que « le partenaire de CAMALCO, Eagle Eye Asset Holding, est un partenaire important doté de solides capacités techniques et financières dans le secteur de la bauxite-alumine ».
Mais le pire devait encore arriver. Le professeur Fuh Calistus affirme :
« En ce qui concerne le contenu détaillé du projet, il vise à optimiser l’exploitation du gisement de bauxite de Minim-Martap en extrayant 5 millions de tonnes de bauxite, en transformant la bauxite en alumine, en transportant ces produits via l’infrastructure ferroviaire existante Ngaoundéré-Yaoundé-Douala et en les exportant vers le port de Douala ou le terminal minéralier du port autonome de Kribi ».
Pour les avantages financiers annuels du projet, ministre intérimaire des mines, de l’industrie et du développement technologique, le professeur Fuh Calistus Gentry dit que : « le gouvernement camerounais dispose de 10 % d’actions gratuites, d’une taxe ad valorem de 5 % de la valeur du marché, d’un partage de la production de 3 % de la valeur du marché, d’un fonds de développement du secteur minier à un taux de 1 % des ventes hors taxes. (…) Il y aura un compte spécial pour le développement des capacités au taux de 1% des ventes hors taxes, la taxe à l’exportation au taux de 2%, les frais de concession de l’Etat fixés à 100.000 FCFA/Km2/an et 10% du capital de la société de projet aux nationaux».
Alleluya ! On est devenu riche !
Pensez-vous que le ministre Fuh Calistus Gentry va-t-il s’arrêter en si bon chemin des propos déraisonnables, citer toutes les pseudo-grâces qui s’abattront bientôt sur le Cameroun, telles une bénédiction divine ?
Non seulement le ministre Fuh Calistus Gentry demande aux autorités locales comme les maires, les députés et les sénateurs à faire tout leur possible pour soutenir le projet, mais il ajoute tellement confiant ce qui suit :
« CAMALCO S.A. prévoit également de développer des infrastructures, de mélanger des populations camerounaises d’origines diverses, de transférer des technologies, de mettre en place des stages pour les étudiants, de développer la zone du projet, d’augmenter le pouvoir d’achat des communautés locales, d’acquérir une première expérience minière camerounaise et d’attirer d’autres investisseurs miniers, tant expatriés que nationaux ».
« Quant à la communauté locale impactée par le projet, elle bénéficiera du soutien de la part de la taxe ad valorem au profit des communes impactées et du compte spécial pour le développement des capacités locales, injecté pour la mise en œuvre du contenu local ».
Et c’est tout ?
Pas du tout.
Le ministre continue :
« La société CAMALCO S.A. mettra également en place une unité de production d’énergie pour alimenter l’usine et les autres unités du projet ». (…)
« En ce qui concerne les aspects miniers, le projet est bancable pour les institutions financières et est coté à la bourse australienne depuis le 22 juillet 2022. La cérémonie d’inauguration de la mine à ciel ouvert est prévue pour 2025 » (…)
« Les travaux de construction du chemin de fer entre Makor et Douala devraient commencer dans les six mois suivant la signature du permis d’exploitation ».
Camalco S.A. va mélanger des populations camerounaises d’origines diverses, et puis transférer des technologies aux camerounais ?
Voilà une entreprise privée australienne, qui en Australie, n’a pas contribué à pacifier les populations autochtones avec les colons britanniques. Et au Cameroun, ils vont s’inventer un nouveau rôle, une nouvelle mission, plutôt que de réaliser leurs bénéfices, et de donner les miettes au gouvernement camerounais, ils vont même mélanger les populations camerounaises d’origines diverses ?
Il faut être le dernier des naïfs et accumuler tellement de lacunes en notions de guerre économique pour débiter une ânerie de ce genre. Le ministre attend même que les Australiens leur transfèrent leurs technologies ? Le ministre camerounais n’est pas au courant du fait que le transfert de technologie n’existe pas ?
Et que répond le PDG de CAMALCO, Rana Pratap Singh ?
Pour le savoir, au lieu d’écouter ce qu’il a dit ce soir-là à l’hôtel Hilton, allons, plutôt le découvrir en toute première page d’accueil de son entreprise à cette adresse : https://canyonresources.com.au/
Voici ce qu’on peut y lire accompagné d’une carte du Cameroun et la valeur à la bourse qui a augmenté avec cette annonce :
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Canyon Resources Limited (ASX : CAY) développe le projet de bauxite de classe mondiale Minim Martap au Cameroun, qui contient plus d’un milliard de tonnes de bauxite à haute teneur et à faible teneur en contaminants et présente un potentiel d’exploration.
Le projet est soutenu par une étude de faisabilité bancaire, étayée par une estimation de ressources minérales importantes et de haute qualité. Une réserve initiale de minerai sur la durée de vie de la mine de 20 ans a été définie en juin 2022.
Projet Minim Martap
Le projet de bauxite Minim Martap, détenu à 100 % par Canyon Resources, est une opportunité de développement de projet de minerai à expédition directe (DSO) d’importance mondiale. Le projet est situé dans le centre du Cameroun et à proximité de la principale ligne ferroviaire reliant la région au port atlantique de Douala.
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Que faut-il retenir ?
Le PDG de CAMALCO, Rana Pratap Singh a le plaisir d’annoncer aux actionnaires boursiers de sa société que le ministre camerounais annonce de devoir développer le Cameroun, qu’ils sont propriétaire à 100% d’une mine de bauxite au Cameroun.
Aucune trace de tous les pourcentages de 10% que le ministre camerounais annonçait à appartenir aux privés camerounais. Rien sur les communautés locales. Ou plus précisément, voici ce que le ministre camerounais affirmait ce soir là du 30 juillet 2024 : « le gouvernement camerounais dispose de 10 % d’actions gratuites, d’une taxe ad valorem de 5 % de la valeur du marché, d’un partage de la production de 3 % de la valeur du marché, d’un fonds de développement du secteur minier à un taux de 1 % des ventes hors taxes. (…) Il y aura un compte spécial pour le développement des capacités au taux de 1% des ventes hors taxes, la taxe à l’exportation au taux de 2%, les frais de concession de l’Etat fixés à 100.000 FCFA/Km2/an et 10% du capital de la société de projet aux nationaux».
Il y a une deuxième information qui nous intéresse :
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Vous venez de lire les 5% de la leçon.
Les restants 95% sont dans la salle de classe climatisée www.pougala.net
Jean-Paul Pougala
Vendredi le 02 Août 2024